Beyond the sun - Castro Camera - nouvel album
Castro Camera est de retour avec le EP « Beyond the sun » un recueil acoustique consistant et riche. Il n’y a aucun lien de parenté avec le nom de la boutique d’appareil photo du militant Harvey Milk. C’est plutôt le genre de mec barbu qui porte haut les couleurs du folk americana avec ses routes interminables et les paysages défilant à toute allure en voiture. Qui dit road trip halluciné dit voiture et musique rêveuse évocatrice de liberté et de grands espaces.
Il faut du cran pour faire ça : se recentrer et prendre le temps del’écouter. C’est une véritable immersion dans sa tête et on n’en sort pas vraiment indemne. Tout n’est que sensation et vibration avec des sons intenses venus des confins de l’Amérique. De l’authenticité laissée sur l’autre rive avec une force puisée dans ses tripes.
Mais le réduire à cela serait une erreur.
«Beyond the sun» s'ouvre avec «I just wonder». Les premières paroles nous parviennent et l'embarquement peut alors commencer. Ce premier titre nous donne envie de poursuivre ce voyage dépaysant sans plus attendre. C'est ce qui nous permet de nous immerger pleinement dans des ambiances aux rythmiques différentes avec quelques touches aériennes. Musique et textes s’entremêlent, se découpent et restent fidèle à l’image de Castro Camera. Le tout prend la forme d’un carnet de route rédigé sous l’effet de l’hypnose chamanique.
Sa guitare rugueuse vibre à l’unisson et la rythmique cogne bien avec la basse synthé dans «I just wonder». Des éléments de tension y sont ajoutés.
En plus on peut aussi souligner que cette fameuse voix hypnotisante représente et réinterprète le pur jus de l’imaginaire americana. Ça nous fouille et ça nous colle sacrément au cerveau. Certains de ses titres révèlent un pouvoir d'attraction avec du son de haut niveau, onirique, majestueux et hypnotisant.
Le dernier titre «Fireman » crépusculaire nous transporte dans une nuit où se trouve une porte ouverte sur une voûte céleste. L'une dans l’ombre, l’autre dans la lumière. Du romantisme clair-obscur.
Cette baignade dans les sons organiques et profonds me rappellel'univers mystique et incantatoire de Dead Can Dance mêlé aux sons électroniques variés. Cette mosaïque d'expression existe également chez Castro avec des moments où le temps se suspend avec l’écoute sans relâche d’une ou plusieurs chanson(s) inconnue(s). Plus de guitare comme dans certaines chansons de ce groupe pour s’envoler et perdre pied dans un voyage captivant.
Ces sept morceaux sont brillants. Un EP vivant, vibrant, mouvant et singulier que l’on apprivoise avec facilité, comme s'il avait un peu toujours été là quelque part en nous et dans un coin de notre esprit. Même si « Beyond the sun » signifie en anglais «au delà du soleil» attendez vous à planer littéralement et à voler tout haut avec une désorientation spatio-temporelle. C'est quelque chose qui apporte non seulement une touche d'humanité mais qui révèle également une fragilité intérieure. Le soleil nous sourit et la mort peut danser.
(Chroniqué par Marie Corbal)