Sacha Bernadson - Lave tes Oiseaux, novembre 2008
"J’ai hérité d’un souvenir, celui de mon père, mort à l’aube de ses 30 ans. Je n’avais pas encore l’âge de créer des souvenirs, de par ce fait, j’ai grandi près d’un fantôme, un fantasme.
Musicien, il a laissé derrière lui une magnifique guitare Lowden, dont il jouait du blues, du folk et du bluegrass.
Lorsqu’il était temps pour moi de composer, j’avais tout un tas d’idées dans la tête et dans les doigts, et puis cet instrument dont je n’ai jamais vraiment su me servir.
Je voulais faire du surréalisme, m’entourer de symboles, écrire en cryptique et balayer le rationnel. Au lieu de faire de la guitare, j’ai joué autour de cette guitare, je voulais entrer dans la faille.
Les premières notes de Lave tes Oiseaux sont apparues sur un 4 pistes cassette, très loin des machines sophistiquées que j’étudiais au conservatoire à l’époque, des embryons de phrases naquirent sur de nombreux bloc-notes, et surtout des émotions très fortes, une envie de parler d’être, avant soit : l’enfant de.
Lave tes oiseaux ne ressemblait a rien de ce que je voulais faire, en réalité il est venu tout seul, malheureux, impatient et immature, mais avec une base solide, celle d’explorer l’ignoré, et tenter de sublimer l’inconnu.
Après plusieurs aller-retours sur Paris pour travailler dans le laboratoire de MaJiKer, j’ai formé quelques groupes pour la scène, avec des gens talentueux, d’une infinie patience. L’expérience, sans pour autant être un échec m’a sapé le moral en constatant la santé du métier.
Cet album finalement ce n’est pas tellement le début d’une histoire, c’est même plutôt la fin. Ce fut ma façon de tuer le père, j’avais décidé de porter en patronyme une trace de lui, même si l’idée était de me nommer Sacha tout court sur la pochette et les crédits du disque, comme une ponctuation. Je ne sais pas si je retrouverais un jour les pistes studio de cet album, mais depuis quelques années, j’avais le désir de redonner la forme qu’il mérite.
Sans nouvelles de mon ancien label, et avec un silence gênant de mon distributeur, j’ai simplement enlevé et réordonné les titres, pour qu’il retrouve sa cohérence. je penses que c'est important de partager cette expérience, j'ai vécu l'époque charnière d'un changement radical dans l'industrie musicale (il est étonnant encore qu'il faille faire des compromis artistiques de nos jours), et aussi car les formats de la musique d’aujourd’hui permettent ça, c’est une aubaine."
Sacha Bernardson