Interview - Aarafat
Aujourd’hui, La Cassette vous propose l’interview d’Aarafat. Présent dans le milieu de la musique urbaine depuis plus de 30 ans, il vient récemment de sortir le clip de son dernier titre Selfie Contre Photo, en featuring avec Nostra et Rocca. Aarafat nous a fait l’amitié de revenir sur son riche parcours musical, de parler de ses derniers projets, de son actualité prochaine ou encore de nous délivrer son regard sur le rap actuel.
Peux-tu nous raconter ton parcours musical ?
Le parcours musical commence à la fin des années 80 avec un groupe qui s’appelle Les Sages Poètes de la Rue. J’ai fait mes classes avec eux pendant 5-6 ans. Par la suite, j’ai fait un groupe qui s’appelle Coup d’Etat Phonique avec un autre artiste, Kohndo. On a commencé à travailler notre projet ensemble au début des années 90. Ensuite, on a intégré un collectif qui s’appelle La Cliqua. Avec le groupe Coup d’Etat Phonique, on a d’abord privilégié de travailler avec La Cliqua, tous ensemble. La Cliqua c’est 5 artistes : Daddy Lord C, Rocca, Raphaël, le Coup d’Etat Phonique, donc Kohndo et moi (à l’époque il est connu sous le nom d’Egosyst). On a d’abord commencé par travailler ce premier EP de 5 titres ensemble (Conçu pour durer), et c’était parti.
Comment t’es venue l’envie de percer dans le milieu de la musique ?
En fait c’est simple. Moi je faisais du football, j’étais en sport étude et en suite en centre de formation dans un club professionnel de foot. Fin 1992, j’ai quitté le club dans lequel je me trouvais et j’étais à la recherche d’un second club. Par là, des connexions, des amis m’ont demandé si je voulais pas faire des albums, me remettre sérieusement dans le rap. A ce moment-là, j’ai décidé de vraiment me consacrer à ça.
Parle nous de ton dernier morceau Selfie contre Photo en featuring avec Nostra et Rocca de la Cliqua.
Ce titre à la base je devais le faire avec Nostra parce qu’on devait faire un titre ensemble. Au même moment j’étais aussi sur un autre titre à faire avec Rocca. Je trouvais que par rapport à la musique, les sonorités me faisaient penser à ce que j’entendais de Rocca actuellement. Donc je me suis dit, pourquoi pas proposer aux deux artistes qu’on fasse un seul titre, comme ça on fait d’une pierre deux coups. J’ai envoyé la musique à Rocca, à Nostra et on a commencé à travailler comme ça.
Comment définis-tu ton univers musical actuellement ?
J’ai pas vraiment de référence à ce niveau-là. J’ai envie avant tout de faire ce que je ressens. Je peux très bien chanter sur une musique très rythmique, comme une musique sans. Je peux partir dans toute sorte de samples qui ont des sonorités différentes, aussi bien sur du rock que de la musique classique ou de la musique américaine. J’ai pas de vraie direction à ce niveau là, mis à part le fait de rester dans ce que j’ai toujours fait, c’est-à-dire un style rap, hip-hop.
Quels sont les messages que tu souhaite transmettre à travers tes morceaux ?
Le principal message c’est l’amour : exprimer cet amour que nous avons les uns pour les autres. Essayer de faire comprendre qu’au-delà de ce que nous pouvons rencontrer dans la vie, on est toujours là. Beaucoup sont parti mais on a toujours ce devoir de mémoire envers eux pour continuer à avancer dans cette vie. C’est quelque chose de très positif en soi. C’est ce que j’essaie d’exprimer avec mes mots, mes ressentis que je peux avoir tous les jours.
Quel est ton ressenti sur la musique rap actuelle ?
Je trouve ça très novateur. On est parti dans un créneau qui n’était pas forcément celui sur lequel on surfait à l’époque, c’est-à-dire quelque chose de très ouvert au public, très musical aussi, avec de nouvelles sonorités. Je trouve ça très intéressant, mais je dirais que ce n’est pas ouvert à tout le monde. Par exemple, moi je suis encore dans ces sonorités assez froides. J’ai pas encore abordé cette façon de travailler dans la musique, mais sûrement qu’un jour j’y viendrai. J’essaie aussi d’avancer avec les tendances, avec ce que la musique me propose. Forcément, je commence petit à petit à me mettre dans ce créneau là.
Tu as fait partie du jury qui a sélectionné les morceaux de la Mixtape Rap Aquitaine, peux tu nous raconter cette expérience, et ce qui t’as plus dans ce projet ?
À la base j’en ai parlé avec Milos Asian qui m’a parlé de ses projets, de son envie d’aider pas mal de groupes qu’il trouvait intéressant, d’aider des jeunes qu’il ne connaissait pas, de donner un coup de main à tous ces jeunes qui font de la musique. Il m’a exprimé son souhait de me voir participer à ce projet. J’y ai réfléchi parce que j’étais en pleine construction de mes propres projets. Je lui ai dit par la suite qu’il y avait aucun problème la dessus. Ensuite on m’a envoyé le lien de chaque artiste que j’ai écouté. L’exercice était assez difficile parce que j’ai pas l’habitude d’écarter certaines personnes, de sélectionner. Donc j’ai écouté et ensuite, j’ai retiré quelques artistes. Avec les autres membres du jury on a tous fait une sélection.
Quel a été ton ressenti sur cette expérience ?
J’ai trouvé des choses vraiment très intéressantes. Il y a certains artistes qui, malgré encore certaines hésitations, ont un univers déjà bien construit, bien réfléchi. D’autres ont ces réflexes qu’ont certains artistes déjà confirmés de vouloir bien structurer leurs morceaux, bien articuler sur la façon de poser leurs textes et leurs mots. Donc oui j’ai trouvé des artistes très intéressants.
Pour se faire une place dans le milieu du rap, quelles sont d’après toi les qualités requises ?
Je dirais que c’est surtout la chance parce que le talent, je pense qu’on en a tous, mais après il faut avoir une part de chance. Généralement cette chance là, on la travaille dans le fait de bosser, d’être productif. Biensur il faut une part de talent, et surtout faire les bons choix. Il faut avoir des personnes derrière soi qui sont capables aussi de nous aiguiller. C’est un tout en fait, il faut beaucoup de facteurs pour pouvoir prétendre réussir.
Quels sont tes projets à venir en 2022 ?
J’ai un second album qui se prépare. J’espère pouvoir enregistrer des titres dans les semaines à venir. Si tout va bien, il devrait être dehors courant février. Ce sera un 5 titres donc un mini-album. Il y a un clip aussi qui risque d’arriver au mois de juin normalement.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur les sonorités abordées dans cet album ?
Pour l’instant, je suis encore dans la recherche. J’ai pas mal de musiques qui me parlent, autant du boombap que de la trap. J’ai pas mal de musiques qui me parlent donc pour l’instant je suis encore en train de chercher. Les textes eux sont présents. Maintenant, tout dépendra de mon humeur, de comment je ressens les titres qui arriveront, et je ferais une sélection à la fin. Je vais essayer surtout d’avoir pas mal de titres solo donc ça va être quelque chose de très personnel ou je vais aborder des thèmes que je n’ai pas abordés sur mon premier album.
Pour finir, une question décalée, quel animal aurait tu aimé être dans une autre vie ?
Alors là bonne question. Ce sont souvent des souvenirs d’enfance. Petit, j’aimais bien l’aigle, le cheval aussi. L’aigle me parle beaucoup…le guépard aussi. Je sais pas du tout si ça correspond à ma personnalité mais ce sont des souvenirs de jeunesse.
Que peux t’on te souhaiter durant ces prochaines semaines et mois ?
Beaucoup d’amour, c’est le plus important.
Un grand merci à Aaarafat pour nous avoir accordé cette interview. Nous vous invitons vivement à checker ses réseaux sociaux pour suivre son actualité, et surtout à écouter ses sons sur les différentes plateformes de streaming.
Retrouvez ici le morceau Selfie Contre Photo.